La Passion selon saint Jean est aujourd'hui considérée comme l'une des plus belles cathédrales de la musique. Cette œuvre seuil ouvre sur un monde jusqu'alors inconnu sans lequel Bach n'aurait pas été Bach : celui des quelques trois cents Cantates dont elle préfigure le souffle.
Elle constitue un pèlerinage aux sources mêmes du pathétique. La souffrance et la pitié s'étreignent, l'inexorable destin du Christ bouleverse, la musique devient douleur, et sublimation de cette douleur en beauté.
La version historique de cette Passion, gravée en 1954 par Günther Ramin et le Gewandhausorchester, à la Thomaskirche de Leipzig où Bach fut Cantor, offre un magnifique équilibre à égale distance des soporifiques versions trop symphoniques ou d'autres trop agitées de certains baroqueux.