Comment articuler la critique de l’idée que vouloir connaître le Bien est le péché, à la réflexion théologique et philosophique sur le Bien ? C’est la question dont traite cet ouvrage classique de Jacques Ellul, enfin réédité. L’auteur montre d’abord que la morale ne saurait prétendre dériver de la connaissance de la volonté de Dieu. Du coup, la morale naturelle ou philosophique s’oppose à la révélation du Bien. Le caractère fondamentalement athée de la morale naturelle (ou morale du monde) débouche sur le dévoiement techniciste de la morale, que Jacques Ellul fut l’un des premiers à diagnostiquer et à critiquer. Ce qui pose la question du statut d’une éthique chrétienne, démarche certes impossible, mais néanmoins nécessaire pour éviter le triple risque du piétisme spirituel, de l’indifférentisme et de l’adaptation sans critique aux normes technicistes du monde moderne.