Depuis toujours, la rhétorique a pris le mot pour unité de référence, et la métaphore y est avant tout déplacement du sens des mots.
Mais quand la phrase
devient métaphore, elle se transforme en énoncé insolite. Émile
Benveniste permet alors de franchir un pas décisif en opposant la
sémiotique, pour laquelle le mot n’est qu’un signe pris dans le code
lexical, et la sémantique, où la phrase porte une signification complète
minimale.
En passant de la phrase au discours, on quitte
le niveau sémantique pour le niveau herméneutique. Ici il est question
non plus de la forme de la métaphore, ni son sens, mais de sa référence,
c’est-à-dire de la « réalité » en dehors du langage. La métaphore
devient la capacité de décrire la réalité selon une pluralité de modes
de discours. Et dès lors nous sommes fondés à parler de « vérité
métaphorique ».