Voici deux hommes d'exception unis dans un livre qui fit et fait encore date : d'un côté, Sébastien Châteillon (ou Castellion, 1515-1563), humaniste, protestant hétérodoxe, helléniste, lexicographe inventif, bibliste hors pair, pédagogue, polémiste pacifiste ; de l'autre, Ferdinand Buisson (1841-1932), laïc et pacifiste, agrégé de philosophie, libre penseur et protestant libéral, directeur de l'enseignement primaire au début de la IIIe République par la volonté de Jules Ferry, au soir de sa vie prix Nobel de la Paix.
Le monument est la thèse de doctorat que le second consacra en 1891 au premier. Dans la préface à la réédition de cette oeuvre, le poète Jacques Roubaud loue Châteillon et explique comment il s'est pris à le lire et à en apprécier la langue. Dans l'étude qui suit, Max Engammare présente le Castellion de Ferdinand Buisson : tandis que le pédagogue moderne avait fait de l'homme du XVIe siècle la figure tutélaire du protestantisme libéral, le critique contemporain fait l'histoire de cette construction qui avait enfin conféré une place légitime et estimable, dans l'histoire de la Réforme calviniste, au premier apôtre de la tolérance religieuse.