Après la Libération, la discussion fait rage, en France, sur la validité des baptêmes administrés pendant la guerre par l’Église catholique pour sauver les enfants juifs. Catherine Poujol a découvert une note de la nonciature à Paris, datée du 23 octobre 1946, demandant de ne pas rendre ces enfants désormais baptisés, même à leurs parents. C’est à démonter la fabrication de cette archive qu’elle s’est attachée. L’élaboration de cette directive sert de colonne vertébrale à l’ouvrage : comment en est-on venu à décider cela ? Quelles pressions furent exercées sur Pie XII pour obtenir un memorandum ordonnant de rendre tous les enfants juifs cachés après-guerre et pourquoi ce ne fut pas le cas ? Pour y répondre, l’auteur a étudié les positions des évêques français concernés qui ont accueilli ces enfants dans leurs diocèses-refuges. Elle s’est aussi attachée à décrypter l’attitude des « hommes de terrains » (les pères Braun, Chaillet, Devaux), ces ecclésiastiques qui détiennent les enfants cachés après les avoir sauvés, nourris et protégés. Les ont-ils baptisés ? Les ont-ils rendus facilement ? Leurs positions sont très différentes.