J’ai grandi dans la misère et l’indifférence. Ma famille composée de mes parents, mon père ouvrier dans une petite usine, ma mère élevait ses cinq autres enfants tous des garçons et je suis arrivée longtemps après eux par accident me racontèrent ils sans se rendre compte qu’ils me faisaient mal. J’étais un accident. C’est triste de démarrer dans l’existence par accident, par malchance. J’aurais préféré m’appeler «Désirée», c’est plus joli, ça laisse de l’espoir, ça permet de se construire, de croire en la vie. Mes géniteurs ont choisi le prénom Mathilde : ça sonne bien, et en plus ça signifie force et pouvoir, je ne possédais aucune de ces qualités, aucun de ces attributs. Quand mon père découvrit que ma mère se trouvait de nouveau enceinte, il exigea de se mettre à la recherche d’une «faiseuse d’anges». Je me demande si seulement, pour une fois, elle avait suivi ses conseils. Je ne serais pas née. Quelle chance! Je n’aurais pas connu la misère et les galères. Je ne me serais pas perdue dans les bras de ses hommes qui ne désiraient qu’une chose : mon corps.