Jadis, au coeur des Alpes ou du Luberon, l'épopée vaudoise se racontait dans les bastides, les granges et les écuries. Les "dits" des veillées donnaient du corps à la mémoire ancestrale, ainsi transmise de génération en génération. Hubert Leconte ne pouvait ignorer cette page d'histoire, qui prend naturellement sa place dans "L'épopée vaudoise" de la Provence aux confins du Dauphiné. Tout en se voulant scrupuleux sur le plan des faits histoiriques, il n'oublie pas la place de l'homme dans l'immense tragédie religieuse qui, depuis l'aube des temps, ravage les consciences et les vies.
En 1685, après la révocation de l'Edit de Nantes, ce sont les Vaudois du Piémont qui alimentent, dans cet ouvrage, la chronique d'un massacre savamment organisé et perpétré par les mercenaires du duc de Savoie, associés aux dragons de Louis XIV. En moins d'un an de persécutions, sur les douze mille Vaudois qui vivaient paisiblement dans les vallées du Piémont, ne survécurent que trois mille résistant faméliques. Ils prirent le chemin de l'exil vers la Suisse et les pays du Refuge.
Aux portes de Genève, ces Vaudois de la montagne, des cavernes et des coups de main, ces insoumis, qui négocièrent leur départ au prix fort, furent accueillis en héros. Dans la mémoire vaudoise, ils resteront pour toujours : Les Invincibles.