« Daniel connaissait de la vie paysanne, sa rigueur implacable, l’humilité des campagnards. Et la musique des saisons qui donne son rythme au travail des champs. Il savait l’imprévu soumettre le fermier à ses aléas. Une fulgurante averse. La brûlure des canicules. Le bruit des orages, qui roulent et grondent d’une sourde menace. Les récoltes incertaines. Il savait des paysans, cette mécanique enrayée des jours qu’ils traversent, sueur au front. Nous parlions la même langue. Il connaissait ma solitude. »
Héritier d’une petite ferme d’Ille-et-Vilaine qui n’a pas progressé au rythme du temps, l’histoire d’Henri pourrait être contée par les romanciers du terroir tels Michelet ou Claudel. Un destin qui ne peut être bon et s’achève par un épilogue tragique.
Bloquée par le respect des traditions ancestrales qui règnent dans ces villages bretons, la ferme est restée dans les ornières du passé. La technicité moderne n’y faisant que de très timides entrées. Henri entretient le rêve d’un ailleurs plus prometteur. Mais tiraillé entre l’attachement au terroir, une mère autoritaire, un père profondément blessé, c’est rempli d’aigreur et de reproche qu’il choisi le devoir. Entre contrainte et regret. Un changement heureux est inenvisageable.
L’espoir naît dans son coeur désespéré, par la révélation de la grâce.
Extrait de la postface de Daniel Issarte